Le Maroc est un pays d’endémie tuberculeuse où l’atteinte pulmonaire occupe la première place. La localisation cutanée représente 2 % des localisations extrapulmonaires de la tuberculose. Son diagnostic est difficile à établir en raison du polymorphisme des tableaux anatomocliniques et de la multiplicité des diagnostics différentiels. L’objectif de ce travail était de tracer les caractéristiques épidémio-cliniques de la tuberculose cutanée dans notre service.

Nous avons mené une étude rétrospective sur une période de 7 ans (janvier 2011–mai 2018) portant sur l’ensemble des cas de tuberculose cutanée colligés au service de dermatologie du CHU Mohammed VI de Marrakech. Le diagnostic était établi grâce à la confrontation de données cliniques, immunologiques, histologiques et évolutives.

Nous avons recensé 32 cas de tuberculose cutanée. L’âge moyen était de 38 ans (4–80 ans) dont 4 enfants avec des extrêmes de 4 à 11 ans. Le sex-ratio (H/F) était de 2,3. La majorité de nos patients provenaient des zones rurales et avaient un bas niveau socioéconomique (99 %). La notion de contage tuberculeux était présente à l’anamnèse chez quatre patients. Trois patients étaient diabétiques et cinq avaient un antécédent de tuberculose pulmonaire et un seul des antécédents de tuberculose ganglionnaire. Aucun cas de d’infection par le VIH n’a été identifié. Les formes cliniques se répartissaient comme suit : 16 cas de scrofulodermes (50 %), 9 cas de gommes (30 %), 4 cas de tuberculose multifocale (20 %), un cas d’association tuberculose gommeuse et scrofuloderme, un cas de lupus tuberculeux et un cas de tuberculose verruqueuse associée à une leishmaniose. L’intradermoréaction était positive dans 25 cas. À l’histologie, le granulome était visualisé dans tous les cas avec ou sans nécrose caséeuse. Les localisations viscérales associées ont été trouvées dans 4 cas (15 %). Tous les malades ont été mis sous traitement anti-bacillaire. L’évolution était favorable dans 90 % des cas avec cicatrisation des lésions ; quatre cas étaient perdus de vue (Annexe A).

Nos résultats concordent avec ceux des autres séries marocaines et tunisiennes concernant le jeune âge des patients et la répartition des formes cliniques, majoritairement les lésions gommeuses et scrofulodermes. Ce profil diffère fortement de celui trouvé dans les séries françaises, où l’âge était plus avancé et le lupus vulgaire et l’érythème induré de Bazin étaient prédominants.

Malgré la généralisation des moyens de lutte, la tuberculose sévit toujours à l’état endémique dans les pays en voie de développement, en particulier au Maroc. L’amélioration des conditions de vie ainsi que la mise en place d’une démarche de lutte anti-tuberculose s’avèrent indispensables pour l’éradication de la maladie.